Dans un environnement incertain, privilégiez l’agilité

Le « jour de la libération » proclamé par Donald Trump a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers. Si les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine se sont depuis apaisées, la politique commerciale américaine reste incertaine. Par conséquent, investir au second semestre 2025 nécessitera une certaine agilité.
Le 2 avril dernier, le « jour de la libération », Donald Trump annonçait la mise en place de droits de douane d’une ampleur que peu d’observateurs avaient anticipé. Cela a entrainé la chute des principaux indices actions ainsi qu’une tension des rendements obligataires, avant que les marchés ne se redressent à l’annonce d’une suspension temporaire de ces mêmes droits de douane. Depuis lors, les marchés actions tutoient de nouveaux sommets.
Ralentissement de l’économie mondiale à court terme
La « mise en pause » des droits de douane doit permettre la conclusion de nouveaux accords commerciaux, mais il est difficile de savoir quels pays seront réellement en mesure d’écarter cette menace. Et l'incertitude persistante pourrait, à terme, s'avérer néfaste pour l'économie. Entre temps, le caractère erratique des annonces et le risque de guerre commerciale suscitent la prudence des consommateurs et des entreprises, qui reportent leurs dépenses ou leurs investissements, et le commerce mondial recule. Un maintien des droits de douane américains aux niveaux actuels, devrait entrainer un ralentissement de la croissance mondiale à court terme, avant un rebondissement fin 2025 et en 2026.
L'accord commercial conclu en mai entre les États-Unis et le Royaume-Uni est un signe positif et pourrait servir de modèle à un futur accord avec l’Union Européenne, bien que cet accord implique d’accepter un droit de douane de 10 %. Les barrières commerciales américaines sont beaucoup plus élevées aujourd'hui qu'il y a quelques mois, c’est un fait. S’agissant de la Chine, une réduction temporaire des droits de douane imposés à la Chine a été annoncée en mai. Mais ceux-ci demeurent tout de même nettement plus élevés qu'au début de l'année, ce qui continue d'exercer une pression négative, en particulier sur l'économie américaine.
Différenciation des régimes économiques
Nous avons revu à la baisse nos prévisions de croissance pour l’économie américaine, par rapport aux attentes pré-”Jour de la libération”. Les droits de douane exercent une pression à la hausse sur les prix : les entreprises américaines importatrices de marchandises répercuteront tout ou partie de la hausse des droits de douane sur leurs clients. Ceci devrait se traduire in fine par une hausse de l'inflation. C'est une mauvaise nouvelle pour les consommateurs américains et cela place la Réserve fédérale dans une situation délicate.
Mais la croissance de l'économie américaine n'est pas la seule à souffrir des politiques de la nouvelle administration Trump. La réputation des États-Unis en tant que partenaire commercial et allié fiable est également mise à mal. Pour en savoir plus, consultez notre analyse «Défis».
En Europe, le choc économique que représentent les droits de douane, se fera également sentir au second semestre de cette année. Cependant, la croissance devrait ralentir au cours des prochains trimestres, pour s'établir à un niveau inférieur à la tendance de long terme. En 2026, la croissance devrait réaccélérer, en partie grâce à la hausse significative des dépenses budgétaires, telles que le grand plan pour la modernisation des infrastructures en Allemagne. La hausse des dépenses de défense devrait également stimuler la croissance en Europe. (Pour en savoir plus, consulter notre analyse « Innovation technologique »)
Et des politiques monétaires
Si le président américain a affiché son souhait de voir la Banque centrale américaine abaisser ses taux directeurs, celle-ci devrait les maintenir à 4,5 % jusqu’à la fin de l’année en raison d'une réaccélération de l'inflation. La Banque Centrale Européenne, à l'inverse, poursuivra sa politique d’assouplissement en abaissant son taux de dépôt à 1,5 %. Cela devrait soutenir la croissance économique en Europe.
L'incertitude nécessite une certaine agilité
Dans cet environnement d’incertitude persistante, les investisseurs devront rester agiles et se tenir prêts à saisir les opportunités.
Au sein de notre allocation, nous avons d’abord augmenté le poids des actions européennes au détriment des actions américaines en février, motivé par l’émergence de Deepseek, les premières décisions de l’administration Trump et la réaction des européens au rapport Draghi. Nous avons ensuite pris des profits sur la classe d’actifs actions, courant mai, en abaissant sa pondération à la Neutralité. La persistance des incertitudes économiques, politiques et géopolitiques plaident pour constituer quelque liquidités, prêtes à être redéployées en fonction des opportunités qui ne manqueront pas de se présenter au cours du second semestre.
Notre allocation sectorielle demeure très diversifiée pour le second semestre. Deux secteurs sont surpondérés : le secteur financier qui bénéficie d’un environnement de taux plus soutenu qu’au cours de la décennie précédente ; le secteur de la santé qui souffre des incertitudes liées à la politique de M. Trump à court terme, mais offre des perspectives de rebond à moyen terme.
Enfin, nous conservons une légère surexposition aux obligations, tout en privilégiant les obligations d'Etats et d'entreprises de qualité.
Pour conclure, l’agilité sera requise au cours de ces prochains mois. Au-delà, l’allocation d’actifs diversifiée à 360° entre actifs liquides et illiquides, et à l’intérieur de chacune d’entre elles, reste clé pour faire face à cette fragmentation géoéconomique et pour bénéficier de l’émergence de nouveaux équilibres.
Pour en savoir plus consultez notre analyse «Opportunités».