Matières premières : stabilisation du prix du pétrole ; prudence vis-à-vis de l’or

Toujours tendu, le marché du pétrole demeure sensible à l’évolution des risques géopolitiques. Nous maintenons nos prévisions de stabilisation du prix du baril de Brent* à 90 dollars à horizon fin d’année. Concernant l’or, si les prix restent bien orientés, la prudence reste de mise. Nous conservons notre prévision à 2 000 dollars l’once en fin d’année.
Sur une trajectoire haussière depuis le début de l’année, les cours du Brent s’essoufflent, et la prime de risque sur le pétrole s'est resserrée, après la désescalade des tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Pour autant, le marché reste tendu, les pays exportateurs de pétrole membres de l’OPEP+ ayant mis en place des réductions volontaires de l’offre. Selon l'Agence internationale de l'énergie, il faudrait donc s’attendre à un déficit d’offre d’au moins 0,3 million de barils par jour pour le deuxième trimestre et de 0,5 million de barils par jour au troisième trimestre.
Les cours du pétrole intègrent les sanctions américaines à l’encontre de l’Iran, de la Russie et du Venezuela, d’autant que les élections américaines se tiendront dans quelques mois. Début juin, l’OPEC+ a décidé de prolonger les baisses de production, mais avec un plan de réduction progressive à partir d’octobre prochain et jusqu’en septembre 2025. À ce jour, le prix du Brent avoisine les 77 dollars le baril, tandis que les investisseurs adoptent une position attentiste, prêts à réagir en cas de nouvelle montée du risque géopolitique. Du côté de la demande, nous ne voyons pas encore de signes d’une reprise forte, sur les principaux marchés. Nous maintenons toutefois notre prévision de 90 dollars le baril de Brent en fin d’année, en raison d’une reprise économique à venir, alimentée par la baisse des taux directeurs aux Etats-Unis et en Europe.
Les marchés de l’or à la conquête de nouveaux sommets
Fin février, les cours de l’or ont fortement rebondi, en raison de trois facteurs principaux. Le métal précieux a tout d’abord été plébiscité par les investisseurs pour son rôle de valeur refuge (en particulier l’or physique). Deuxièmement, les banques centrales ont acheté de l’or : depuis mi-2022, les réserves mondiales d’or ont ainsi progressé de 2 %. Troisièmement, l’embellie des facteurs techniques a poussé les investisseurs à l’achat.
En dépit de la tendance positive dans laquelle s’inscrit actuellement le cours de l’or, nous restons prudents. En effet, il est rare, au regard de l’histoire, d’observer une corrélation positive entre les cours de l’or, le dollar américain et les rendements réels des bons du Trésor américain à cinq et dix ans. Même si ces phénomènes se sont déjà produits par le passé, ils demeurent souvent temporaires par nature. Si les cours de l’or devaient de nouveau réagir aux anticipations des banques centrales, des prises de bénéfices sur l’or par rapport au dollar américain sont à prévoir. De plus, il n’y a pas de pénurie d’or physique à l’heure actuelle et le montant des achats des banques centrales ne justifie pas le niveau actuel des cours de l’or. Nous maintenons donc pour l’instant notre prévision de fin d’année de 2 000 dollars l’once.
Moutaz Altaghlibi – Economiste, spécialiste du secteur de l’énergie
Georgette Boele – Stratégiste, spécialiste devises et métaux précieux
* Le Brent : dit « brut de mer du Nord », désigne la variété de pétrole de référence en Europe.