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ABN AMRO

La résilience de l’économie américaine a récemment contribué à apaiser une partie de nos craintes quant à nos perspectives pour les marchés d’actions. Au sein de nos portefeuilles, nous conservons actuellement une exposition neutre aux actions et aux obligations. 

Dans ce contexte de pression moindre sur la croissance économique mondiale, et par conséquent sur les résultats des entreprises, nous avons, le mois dernier, fait évoluer l’exposition actions de nos portefeuilles, en passant de sous-pondéré à neutre, tout en privilégiant les États-Unis (surpondérés) par rapport aux marchés européens (sous-pondérés) et émergents (neutres).

« Atterrissage en douceur » de l’économie américaine

Si l’inflation américaine s’est récemment inscrite légèrement au-dessus des attentes, principalement portée par la hausse des prix de l’énergie, la progression des salaires s’est essoufflée et les tensions sur le marché du travail se sont apaisées. Or, c’est d’après l’évolution de ces trois indicateurs (inflation, croissance des salaires et marché du travail) que la Réserve fédérale mesure l’efficacité de ses mesures de lutte contre l’inflation.

Les données récentes suggèrent que la banque centrale serait sur le point de réussir l’exploit d’un « atterrissage en douceur » de l’économie, à savoir reprendre les rênes de l’inflation tout en évitant l’entrée en récession. Ce scénario n’exclut toutefois pas le ralentissement de la croissance. Nous anticipons désormais un essoufflement de la croissance aux États-Unis au cours du quatrième trimestre ainsi que sur la première partie de 2024, puis un rebond au second semestre. 

Sur notre continent, l’économie de la zone euro subit encore le contrecoup des fortes hausses des taux d’intérêts adoptées par la Banque centrale européenne depuis mi-2022 et du ralentissement de l’économie mondiale, et chinoise en particulier. Selon nous, cette faiblesse est susceptible de persister pendant un certain temps, ce qui devrait entrainer une quasi-stagnation voire même une légère contraction de la croissance de la zone, au second semestre 2023 et au premier semestre 2024.

S’agissant de la Chine, jusqu’ici, les mesures de soutien à l’économie mises en œuvre par Pekin se sont révélées favorables à certains secteurs, comme la production manufacturière, mais les effets de la politique zéro-Covid, menée jusqu’en fin d’année dernière, et du tour de vis réglementaire se font encore sentir. On observe néanmoins des signes d’amélioration. Les dernières données sur les prêts et le commerce extérieur ont ainsi surpassé les prévisions. Le constat est le même du côté des ventes au détail et de la production industrielle, qui sont reparties à la hausse. En conséquence, la dynamique économique de la Chine semble se stabiliser, et nous tablons désormais sur une croissance chinoise de 5,2 % en 2023 et de 4,8 % en 2024.

Les marchés d’actions sur le point de se stabiliser

Depuis début mars, les marchés européens et émergents ont évolué sans tendance, tandis que les marchés américains ont progressé, tirés principalement par la surperformance de quelques titres du secteur de la technologie. A présent, les marchés d’actions semblent se stabiliser et leur évolution devrait dépendre des perspectives macroéconomiques et des résultats des entreprises pour le troisième trimestre.

De manière générale, le secteur des services se porte bien, alors que l’activité dans le secteur manufacturier se contracte. Les marchés américains résistent, mais la faiblesse de la Chine a obscurci les perspectives des marchés émergents et européens.

Dans ce contexte, nous estimons qu’une position neutre vis-à-vis des marchés d’actions reste indiquée. Sur les plans géographique et sectoriel, nous conservons une préférence pour les actions américaines, et les secteurs de la technologie et de la santé. 

Une préférence pour les obligations d’État

Tandis que le cycle de hausse des taux touche à sa fin aux Etats-Unis et en Europe, les marchés obligataires sont en proie à une forte volatilité. Après avoir relevé en septembre une nouvelle fois ses taux de 25 points de base, portant son taux de dépôt à 4%, la Banque centrale européenne devrait désormais avoir atteint son taux maximal. La Réserve fédérale, quant à elle, l’a probablement atteint pendant l’été. Naturellement, nous n’en auront la certitude qu’a posteriori, lorsque les banques centrales auront commencé à rebaisser leurs taux.

Alors que le marché obligataire est dans l’attente des premiers signes de changement de cap des banques centrales, changement que nous n’anticipons pas avant 2024 aux États-Unis et en Europe, nous privilégions la sécurité offerte par les obligations d’État et les obligations d’entreprises investment grade, au détriment des segments plus risqués comme celui du haut rendement. 

Un tournant décisif

Les conditions de marché actuelles sont telles que les perspectives restent incertaines. Les optimistes sont rassurés par la vigueur du marché américain, le dynamisme du secteur des services, la fin prochaine des cycles de hausse des taux aux États-Unis et en Europe et des rendements sur les actions et les obligations de qualité qui dépassent les prévisions depuis le début de l’année. 

D’un autre côté, les pessimistes anticipent que les politiques monétaires ne vont probablement pas s’assouplir en 2024, que les inquiétudes liées à l’inflation et à la possibilité d’une récession perdurent, que les prix de l’énergie sont en hausse, que le secteur manufacturier mondial est à la peine, que la guerre en Ukraine se poursuit et que les consommateurs ont désormais épuisé leur épargne.

Pour l’heure, nous conservons donc une position neutre vis-à-vis des actions, mais restons néanmoins vigilants quant aux éventuels signes pouvant nous renseigner sur la trajectoire des marchés dans les prochains mois et en 2024. Les communiqués des banques centrales et les prévisions des entreprises devraient jouer un rôle déterminant à cet égard. 

Le département des investissements

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