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Monthly Update - March 23

Les conséquences du resserrement monétaire se matérialisent

Alors que les marchés sont en proie à de fortes turbulences, le cycle prolongé de hausses des taux d’intérêts a mis au jour les failles du secteur bancaire. Dans ce contexte, nous conservons une allocation d’actifs prudente, impliquant une sous-pondération des actions et une préférence pour les obligations de qualité.
Les marchés financiers entrent dans une nouvelle phase de correction et de tensions, à l’image des difficultés qui ont touché des banques régionales aux États-Unis et, sur notre continent, un grand établissement bancaire suisse. Les conséquence des relèvements de taux successifs commencent donc à se matérialiser, après une longue période de taux d’intérêts quasi nuls et d’abondance de liquidités.

Les régulateurs bancaires et les banques centrales ont d’ores et déjà pris des mesures fortes, visant à soutenir les institutions financières, et ne cessent d’affirmer la solidité et la résilience des systèmes bancaires américain et européen. Il semble, par ailleurs, que les banquiers centraux soient déterminés à poursuivre leur lutte contre l’inflation au moyen de hausses de taux additionnelles. Le 16 mars dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, en ligne avec les attentes, le relèvement de 50 points de base de ses taux directeurs, insistant sur le fait que l’inflation reste problématique. La Réserve fédérale devrait également poursuivre sa trajectoire de hausse des taux. La priorité des deux institutions monétaires reste donc la lutte contre l’inflation, et ce, en dépit de l’impact sur l’activité économique du resserrement monétaire.

Risque de récession

Notre scénario central reste celui d’une récession modérée aux États-Unis et plus marquée en Europe. La récession qui s’annonce prendra très probablement la forme d’une contraction de l’activité, suivie d’une stagnation. Pour l’heure, les marchés financiers commencent tout juste à intégrer cette possibilité. Nous conservons donc une allocation d’actifs prudente, et ce, à plusieurs niveaux du portefeuille : sous-pondération des actions, avec une préférence pour le secteur, défensif, de la santé ; une position neutre vis-à-vis des obligations, tout en privilégiant les titres de qualité, au détriment des segments de marché les plus risqués, tels que la dette à haut rendement.

Des perspectives moins favorables pour les actions

Ces derniers mois, les hausses de taux de la Réserve fédérale ont entraîné un resserrement des conditions financières et une sous-performance des actions américaines et des marchés émergents. En revanche, les marchés européens s’étaient montrés, jusqu’à présent, plus résilients. Mais récemment, les tensions sur le secteur bancaire a entrainé un nouvel épisode de volatilité et une correction sur les marchés européens.

Malgré les signes d’amélioration de la dynamique économique, la menace d’une récession pèse davantage sur le Vieux Continent. Les nouvelles économiques, encourageantes, ont incité les banques centrales à prolonger leur programme de relèvement des taux d’intérêts et de lutte contre l’inflation. Il semble désormais que les banques centrales n’entameront pas de baisse de leurs taux directeurs avant la fin de l’année, et ce n’est qu’à ce moment-là que les premières baisses de taux devraient intervenir. Ceci modifie la trajectoire que nous avions jusque-là anticipé, en repoussant l’éventualité d’une baisse des taux d’intérêts à une date ultérieure.

Dans la perspective d’une récession économique imminente, nous continuons également d’anticiper une contraction des bénéfices dans les mois à venir. Les données historiques montrent, en effet, qu’il existe une forte corrélation entre les corrections de marché et les révisions à la baisse des croissances bénéficiaires, en glissement annuel. En Europe, une telle contraction des bénéfices a été repoussée temporairement, les entreprises ayant bénéficié d’une faiblesse de l’euro. Nous nous attendons toutefois à ce que la demande souffre de l’impact du resserrement monétaire.

Dans ce contexte, nous conservons une approche prudente vis-à-vis de la classe d’actifs actions. Sur le plan géographique, nous maintenons une légère préférence pour les marchés émergents au détriment des marchés développés, en raison des effets, positifs, de la réouverture de l’économie chinoise sur la dynamique économique des pays de la région.

Une préférence pour les obligations de qualité

En raison du climat d’incertitude, lié au risque de récession et de probabilité de nouvelles hausses de taux futures, nous maintenons une position neutre vis-à-vis des marchés obligataires. En période de tensions, les obligations de qualité permettent généralement d’atténuer la volatilité que subissent les actifs plus risqués. Ainsi, nous privilégions les obligations souveraines, les obligations liées aux gouvernements et les obligations garanties (ou « covered bonds »), tout en limitant notre exposition aux segments obligataires plus risqués, tels que les obligations à haut rendement.

La patience est de mise

Les conditions financières ne devraient pas s’assouplir, alimentant l’incertitude sur les marchés financiers. Les tensions sur le secteur bancaire américain ne font que confirmer notre thèse selon laquelle le resserrement des conditions financières aura des effets notables sur l’économie. Nous sommes en revanche d’avis que les autorités de réglementation américaines et européennes seront capables de stabiliser les marchés. D’ailleurs, c’est la solidité des données macroéconomiques, notamment la confiance des entreprises du secteur manufacturier et de l’emploi publiées ces derniers mois qui a encouragé les banques centrales à poursuivre résolument leur politique de relèvement des taux et de durcissement des conditions monétaires. Désormais, les conséquences de cette politique se matérialisent plus clairement.

Dans ce contexte, nous conservons notre sous-pondération aux actions et, globalement, le biais défensif de nos portefeuilles. Nous restons attentifs aux opportunités d’investissement que nous identifions sur le marché actuel tout en privilégiant une diversification en termes de classes d’actifs, de zones géographiques, de secteurs et de thèmes d’investissement. Si la volatilité du marché ne manquera pas de créer des opportunités d’investissement, nous sommes d’avis qu’il faudra encore attendre, tant que les perspectives de dégradation de la conjoncture ne seront pas intégrées dans les valorisations. Pour l’heure, nous préconisons donc de rester prudent et patient.
Le département des investissements

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