
Des perspectives favorables
Les perspectives d’amélioration du contexte sanitaire laissent entrevoir un redémarrage de l’économie mondiale dès la seconde partie de l’année 2021, et ce en dépit de facteurs négatifs à court terme que sont l’augmentation des cas d’ infections au coronavirus, l’apparition de nouvelles souches du virus et le durcissement des mesures de confinement en Europe.
Bien que le contexte sanitaire semble continuer de se détériorer à court terme, la mise au point de plusieurs solutions vaccinales efficaces et le lancement des campagnes de vaccinations dans de nombreux pays sont autant de raisons de penser que nous nous dirigeons désormais vers la fin de la pandémie.
Sur le front de l’économie, le secteur manufacturier a su faire preuve de résilience tout au long de la période de crise sanitaire malgré le confinement des économies. Aux Etats-Unis, l’élection de Joe Biden en tant que président ainsi que l’obtention d’une majorité Démocrate au Congrès, sont propices à la mise en œuvre de mesures de relance supplémentaires. Le nouveau président a d’ores et déjà proposé un plan d’aide à l’économie s’élevant à 1 900 milliards de dollars afin de soutenir les ménages et les entreprises pendant la crise.
La combinaison de ces facteurs a entrainé une révision à la hausse de nos prévisions de croissance pour l’économie américaine, sachant qu’il s’agit là d’un élément essentiel pour l’élaboration de notre scénario économique et nos perspectives d’investissement. Alors que nous n’anticipions pas le retour de l’économie américaine à son niveau d’avant crise avant le 4e trimestre 2021, nous prévoyons désormais que cet objectif sera atteint d’ici le second trimestre de cette année.
Préférence pour les actions
Dans ce contexte, nous conservons une légère surexposition aux actions ainsi qu’une position neutre en obligations. Cette préférence pour les actions trouve sa justification dans la résilience de l’économie, la mise au point de vaccins efficaces ainsi que la réduction du risque politique (tant aux Etats-Unis qu’en Europe avec la conclusion d’un accord sur le Brexit). Du côté des entreprises, si les résultats pour le 4e trimestre 2020 pourraient ressortir moins bons que prévu, la reprise attendue au 2e trimestre devrait avoir un impact positif sur les bénéfices pour le reste de l’année 2021. Les valorisations pourraient sembler excessives actuellement mais la diminution de l’incertitude est un facteur de soutien important pour le cours des actions.
Par ailleurs nous avons augmenté notre exposition aux secteurs cycliques dont il est attendu qu’ils bénéficient de la reprise économique. Nous favorisons notamment le secteur de la consommation discrétionnaire (passant de neutre à légèrement surpondérée) au détriment de la santé (dont la surpondération a été réduite) et du secteur de la consommation de base (désormais fortement sous pondéré).
Au niveau de l’allocation géographique, nous conservons une surpondération sur les marchés américains, une sous-pondération sur les actions européennes ainsi qu’une surexposition aux marchés émergents – dont le poids avait été relevé au sein des portefeuilles en fin d’année dernière, au motif qu’ils devraient bénéficier d’un renforcement des échanges internationaux et des effets de l’élection de Joe Biden.
Stabilité des marchés obligataires européens
Le rendement des obligations d’état des principaux pays européens se maintient à des niveaux faibles, voire négatifs et évoluent dans une fourchette étroite. De plus les banques centrales, ayant massivement adopté des politiques monétaires accommodantes, maintiennent les taux d’intérêt à des niveaux très bas. Enfin, les grands programmes d’achats d’actifs de la Banque centrale européenne continuent d’être un facteur puissant de soutien des marchés obligataires. Au sein des obligations, nous conservons une préférence pour le rendement qu’offre la dette des marchés émergents et les obligations d’entreprises de qualité au détriment des obligations d’État (que nous sous-pondérons).
Premiers signes d’un retour de l’inflation
La victoire du camp Démocrate au Sénat et la perspective de mesures de relance budgétaire ont entraîné une hausse des anticipations d’inflation, provoquant une hausse du rendement des bons du trésor américain à maturité dix ans, à plus de 1 %. L’inflation pourrait ainsi progresser aux États-Unis pour atteindre 3 % d’ici la fin du premier semestre. La Réserve fédérale pourrait alors réduire la taille de son programme d’achats d’actifs en 2022, et décider d’une hausse des taux en 2023.
Du côté de la Zone euro en revanche, la trajectoire d’inflation est moins certaine. En effet, la récente hausse des anticipations d’inflation est plus probablement une réaction par mimétisme des perspectives de reflation aux États-Unis, et ce, malgré la baisse attendue du produit intérieur brut de la zone euro au 1er trimestre 2021. La priorité de la Banque centrale européenne sera probablement de renforcer les anticipations de politique monétaire très accommodante à horizon prévisible et d’encourager la mise en œuvre de politiques budgétaires tout aussi accommodantes, afin d’éviter un resserrement non souhaitable des conditions de crédit.
Optimisme modéré
Les perspectives s’annoncent donc favorables et en dépit d’un calendrier incertain, l’efficacité et la diffusion des vaccins est de nature à changer le cours de la pandémie. Les marchés financiers, après une importante correction en mars dernier, semblent désormais regarder au-delà de la crise, anticipant que la solution viendra de la science. L’impact de la crise sanitaire sur les marchés d’actions varie selon les secteurs. Le secteur manufacturier a été le plus résilient alors que le secteur des services, en particulier ceux de l’industrie du tourisme et des loisirs, a été durement touché.
Il n’en reste pas moins que le virus aura causé d’importants dommages sociaux et économiques et que des risques subsistent. En effet, l’efficacité des vaccins pourrait être remise en cause par les mutations du virus alors que l’amélioration du contexte économique reste lié à un assouplissement des mesures sanitaires. De plus les marchés se sont fortement et rapidement appréciés, si bien que les niveaux de valorisation sont désormais élevés. Une nouvelle correction de marché est donc toujours possible. Enfin, l’inflation pourrait progresser plus rapidement qu’anticipé.
Nous conservons notre conviction qu’une légère surpondération actions avec une exposition aux secteurs cycliques et une exposition neutre aux obligations, est le positionnement adéquat pour traverser cette période caractérisée par la fin de la pandémie et le redémarrage de l’économie.
Richard de Groot, Directeur des investissements, ABN Amro