Macroéconomie : des vents à nouveau favorables

Aux Etats-Unis, l’inflation recule, tandis qu’une accélération de la croissance économique est attendue. S’agissant de l’Europe, la reprise économique est d’ores et déjà amorcée, et les premières baisses de taux directeurs devraient intervenir en juin. L’environnement macroéconomique s’annonce donc favorable pour les marchés financiers au second semestre.
En début d’année, de nombreux investisseurs tiraient profit d’un contexte économique idéal. Face au reflux rapide de l’inflation mondiale, un atterrissage en douceur de l’économie semblait acquis, ce qui alimentait les espoirs des investisseurs d’une baisse des taux directeurs plus tôt que prévu. C’était sans compter sur l'évolution de l'économie américaine qui, après quelques mois, a conduit une majorité d’investisseurs à revoir leurs anticipations.
En effet, une série d’indicateurs économiques, en particulier les chiffres de l’inflation, se sont avérés décevants aux États-Unis, douchant brusquement les espoirs d’un assouplissement imminent de la politique monétaire américaine. Certains investisseurs vont même jusqu’à spéculer sur de nouvelles hausses de taux. Dans l’intervalle, la croissance économique américaine a nettement ralenti au premier trimestre. Dans ce contexte, l’environnement macroéconomique peut-il demeurer favorable aux marchés financiers ?
Le retour de la désinflation aux Etats-Unis
Nous anticipons pourtant que les Etats-Unis retrouveront le chemin de la désinflation. En effet, la hausse des salaires a fortement ralenti et est déjà revenue à des niveaux conformes à l’objectif d’inflation de 2% visé par la Réserve fédérale. Alors que la flambée des prix des logements a fait bondir l’inflation sous-jacente, les loyers ralentissent désormais nettement, ce qui ne saurait tarder à se matérialiser dans les chiffres d’inflation.
Dans ce contexte, les responsables de la politique monétaire américaine devraient donc de nouveau pouvoir évoquer le début d’un cycle de baisse des taux dans le courant de l’année. Enfin, l’essoufflement de la croissance constaté au premier trimestre ne devrait pas, selon nous, être annonciateur d’une récession économique. Nous y voyons plutôt le signe d’un refroidissement, bienvenu, de l’activité après l’accélération constatée au second semestre 2023. En effet, des facteurs transitoires ont contribué au ralentissement de l’économie sur les trois premiers mois de 2024, ce qui alimente l’idée selon laquelle le ralentissement serait moins fort qu’attendu et que l’économie reprendrait des couleurs au deuxième trimestre.
Premières baisses de taux européens attendues en juin
Alors que les statistiques américaines suscitent l’incertitude, la tendance à la désinflation ne laisse guère de place au doute en Europe. L’inflation totale et l’inflation sous-jacente ont continué de se replier. Cette tendance s’est même accélérée récemment, car la baisse des prix se propage des biens aux services. Il convient de noter néanmoins que l’inflation dans les services est alimentée par le marché intérieur, celle-ci pouvant s’avérer plus persistante. Dans ce contexte, la Banque centrale européenne a clairement indiqué qu’elle entamerait un cycle de baisse des taux en juin. Dans le même temps, nous observons des signes de reprise économique modérée en Europe, tandis que l'économie chinoise se dirige vers une légère reprise, aidée par un soutien monétaire et budgétaire, certes limité mais constant.
La politique monétaire des économies développées se trouve actuellement en territoire très restrictif. Dans la plupart des cas, les taux directeurs sont supérieurs de 2 à 2,5% aux niveaux neutres. Autrement dit, une fois les baisses de taux amorcées, le chemin sera long avant de revenir à des niveaux “normaux”. Généralement, seule une économie en récession oblige les banques centrales à procéder à des baisses de taux d’une telle magnitude. Cette fois-ci, le contexte s’annonce plus favorable. Les baisses de taux combinées à une croissance économique modérée marqueraient un environnement macroéconomique exceptionnellement favorable.