
L’adaptation des media traditionnels
De nombreux medias se sont adaptés à la révolution qui s’opère via les réseaux sociaux. Le nombre d’abonnés de grands medias nationaux sur un réseau social comme Twitter peut laisser penser que c’est un pari réussi pour eux : ainsi Le Monde compte près de 6,5 millions d’abonnés, Le Figaro en a 2,4 millions, TF1 en compte 4,4 millions, tandis que France 2 ou BFM TV sont suivis par 2 millions de personnes.
Cela représente, notamment pour la presse écrite ou encore pour les chaînes d’information à faible audience comme BFM TV, plus que le nombre habituel de leurs lecteurs/téléspectateurs, et donc une capacité de rayonnement de l’information qu’ils relayent beaucoup plus importante grâce à Twitter.
Les réseaux sociaux amènent ainsi les professionnels de l’information à envisager leur métier différemment. On peut prendre l’exemple de Laurence Haim, correspondante pour iTélé et Canal+ à la Maison Blanche, qui a essentiellement couvert la campagne présidentielle américaine en relayant des informations sur Twitter – où elle compte environ 167 000 abonnés -, ce qui représente souvent plus que la part d’audience de la chaîne iTélé pour laquelle elle travaille. Les journalistes trouvent donc sur les réseaux sociaux un nouvel espace d’expression, parfois plus fort et plus percutant que les media traditionnels qui les emploient.
Chaque internaute peut devenir relai d’information
Comme pour de nombreux programmes de télévision qui engendrent des discussions et des débats sur les réseaux sociaux – pouvant même aller jusqu’à créer de véritables communautés de « fans » par exemple – l’information crée elle aussi des vagues de réactions.
Chaque internaute peut librement réagir, commenter, critiquer, partager, recommander, relayer un article ou même une information brute (sans traitement journalistique). De fait, le media n’est plus l’unique source d’information avec le développement d’une forme de « bouche à oreille » numérique qui voit parfois émerger des phénomènes de « buzz » qui créent la polémique, avec la possibilité de répercussions très importantes sur le débat public et politique.
De plus, dans certaines situations, le réseau social devient l’unique source d’information : c’est le cas actuellement sur les événements à Alep, au cœur du conflit syrien, où des habitants racontent leur quotidien sur les réseaux sociaux. Ils deviennent ainsi, en l’absence de relais journalistiques, des sources d’informations particulièrement précieuses qui peuvent impacter de manière importante la vision que nous avons des événements.
Démocratisation de la diffusion de l’information : la question de la fiabilité
Les réseaux sociaux peuvent avoir une influence, supposée ou réelle, chez un certain nombre de leurs utilisateurs, ce qui peut amener à la diffusion d’informations erronées, parfois volontairement
A titre d’exemple dans l’actualité politique française récente, certains candidats de la primaire de la droite et du centre ont regretté avoir été les victimes de critiques jugées mensongères de la part de ce qui est appelé la « fachosphère ». On voit également apparaître aux Etats-Unis, suite à la campagne présidentielle opposant Hillary Clinton à Donald Trump, une polémique autour des fakes news, à savoir des sites relayant de fausses informations visant à influencer les lecteurs pour un candidat ou une cause en particulier.
Le bilan de la révolution numérique médiatique pourrait ainsi apparaitre plus mitigé. En effet, si l’on constate une forme de démocratisation à la fois de l’accès mais aussi du traitement de l’information grâce à Internet, cela peut engendrer un manque de contrôle sur la valeur de ces informations ainsi qu’un manque de mesure de leur impact.
La question de la fiabilité et de la vérification de la véracité des informations relayée sur les réseaux sociaux, et sur Internet de manière plus générale, demeure un enjeu très important et encore insurmonté.