
Les obligations vertes en pleine essor
Comment financer la lutte contre le réchauffement climatique ? Les obligations vertes ou green bonds constituent une réponse à cette question stratégique.
Un standard pour les obligations vertes
À l’heure actuelle, la loi ne définit pas les critères d’une obligation verte ?. Tout opérateur est donc libre d’émettre des obligations et de les qualifier de « vertes ». Certaines émissions d’obligations vertes de grands groupes ont ainsi pu éveiller des soupçons de green washing.
Des critères précis permettraient de déterminer si ces émissions peuvent ou non être qualifiées de green bonds. Un consortium de banques a lancé les Green Bond Principles en janvier 2014. Il s’agit d’un ensemble de lignes directrices destinées à assurer la transparence et l’intégrité de ce marché. La déclaration de Paris sur les obligations vertes a été signée le 9 décembre 2015, en marge de la COP 21, par 27 grands investisseurs parmi lesquels Allianz, BNP Paribas, AXA, Natixis. Coordonnée par l’ONG Climate Bond Initiative, la signature de cet accord vise à mettre en place des standards en matière de green bonds.
Un marché en forte croissance
Le marché mondial des green bonds connaît une forte croissance. Alors qu’il ne représentait que 3,1 milliards de dollars en 2011, il pèse plus de 70 milliards de dollars en 2016 (selon l’agence Moody’s). Ce chiffre pourrait doubler en 2017. Si le marché a d’abord été dominé par les investisseurs institutionnels, comme la Banque Européenne d’Investissement ou la Banque Mondiale, les investisseurs privés ont très vite pris le relais. En France, des groupes ont réalisé des opérations d’une importance très significative comme les 2,5 milliards d’euros en green bonds levés par Engie en 2014 ou les 4 milliards levés par EDF sur les 3 dernières années. Les collectivités territoriales comme la région Ile-de-France, se sont également lancées dans l’aventure. Désormais ce sont les Etats se positionnent sur le marché des obligations vertes.
Le leadership français
La Pologne a été le premier Etat à se lancer avec une émission d’obligation pour un montant de 750 millions d’euros décembre 2016. Au début de l’année 2017, la France a initié une opération d’une ampleur considérable : 7 milliards d’euros, à échéance de 22 ans, pour un taux d’intérêt de 1,75%. Les fonds levés financeront des investissements dans le domaine de la lutte et l’adaptation au réchauffement climatique, la protection de la biodiversité, et la lutte contre la pollution. « Il s’agit d’une grande première pour une opération de cette taille et de cette durée. Cette grande avancée à vocation à se déployer. Déjà des Etats comme la Suède ou le Nigeria ont émis leur volonté d’émettre des obligations vertes », décrypte Pascal Canfin, ancien ministre délégué au développement et Directeur général de WWF France.
(1) Etude Climate Bond Initiative-HSBC, septembre 2016
Le saviez-vous ?
Sur le segment des obligations climatiques, ces titres de dettes qui financent les actifs bas carbone et d’adaptation au changement climatique, la France est également particulièrement en pointe. Après la Chine et les Etats Unis, la France est le premier émetteur d’obligations climatique (1).