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Les entreprises de recherche de médicaments restent fragiles

Outre-Atlantique, c’est en vendant eux-mêmes leurs produits que les Amgen, Biogen et autres Gilead sont devenus des champions mondiaux de la pharmacie. Toutefois, les biotechs qui s’autofinancent grâce aux ventes de leurs produits sont rares, y compris aux Etats-Unis.

Un développement long pour une réussite aléatoire

Quasi-incompressible, la durée de développement d’une nouvelle molécule thérapeutique s’étale sur une période de 10 à 15 ans, et ce sans aucune certitude d’aboutir. Un médicament peut échouer au tout dernier stade des essais, et même être recalé par les autorités cliniques après avoir accompli l’intégralité de son parcours clinique. C’est une vulnérabilité structurelle pour les biotechs, lesquelles, en attendant de percevoir des revenus commerciaux, dépendent de financements extérieurs.

« L’un des principaux combats de France Biotech aujourd’hui consiste à élaborer des propositions pour pallier le manque de fonds significatifs permettant aux entreprises biopharmaceutiques d’aller sur le marché. C’est indispensable si nous voulons faire en sorte que nos start-ups deviennent des ETI mondiales », explique Maryvonne Hiance, Présidente de France Biotech et Vice-Présidente du conseil d’administration d’OSE Immunotherapeutics. Faute de capitaux, les jeunes pousses « s’essoufflent dans une recherche permanente de financement », a d’ailleurs reconnu la ministre de la santé Marisol Touraine en octobre 2015 lors de l’inauguration de la start-up Eligo Bioscience.

Renforcer le capital risque

« Bpifrance joue bien son rôle avec beaucoup d’outils de financement disponibles. Cependant, il est alors nécessaire de lever des fonds auprès d’investisseurs privés pour combler le « trou noir » qui existe entre l’investissement de départ et l’éventuelle introduction en Bourse », poursuit la Présidente de France Biotech. Or en France, les fonds spécialisés sont très compétents mais trop peu nombreux, « beaucoup de très bons dossiers ne peuvent donc pas se faire financer ». En effet, le capital-risque représente seulement 14% des sommes investies dans le secteur, le reste provenant de la Bourse. Dès lors, le risque est de voir certains dossiers cotés un peu trop précocement, et de voir leur valorisation mise sous pression.

« Nous menons actuellement une action en concertation avec les pouvoirs publics pour favoriser le fléchage de l’épargne vers le capital investissement », poursuit Maryvonne Hiance. En novembre 2016, 4 ministres (Santé, Commerce extérieur, Recherche et Industrie) ont signé le deuxième avenant au contrat de filière, prévoyant le fléchage de 7,5% des fonds type Madelin, Perco vers le capital investissement, ouvrant la perspective de lever jusqu’à 1 milliard d’euros. Une avancée considérable pour financer les jeunes entreprises du secteur de la santé, même si la mise en œuvre dans le contexte de l’élection présidentielle pourrait se révéler compliquée.

Développer des licences

Reste évidemment l’option de céder le projet en cours de route à un partenaire, de préférence un acteur déjà établi disposant de l’assise financière nécessaire à achever son développement. Entre une indépendance souvent problématique et une cession contrainte, il existe une voie médiane. Celle-ci consiste à nouer un accord de licence sur certains territoires, en conservant les droits de commercialisation pour certains pays où la biotech opère déjà. Les pays alors privilégiés sont ceux où elle a pu commencer à faire connaître son produit et, ou pour certaines indications de niche ne nécessitant au départ qu’une force de vente limitée. Une façon de garder un pied à l’étrier.

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