
Une industrie reconnue mondialement pour sa créativité et sa capacité d’innovation
C’est une année record pour le jeu vidéo en France. En 2016, le secteur a réalisé un chiffre d’affaires de 3,46 milliards d’euros, son plus haut niveau de 2008, selon les chiffres dévoilés par le Syndicat des éditeurs de logiciel de loisirs (Sell). Les chiffres sont également bons à l’export : en 2015, les studios ont réalisé 37,8% de leurs chiffres d’affaires à l’international, selon un rapport du Syndicat National du Jeu Vidéo (SNJV) publié en novembre 2016.
L’émergence de « champions » Français
Cette industrie florissante a pu voir le jour et prospérer grâce à l’excellence des écoles françaises comme l’ENJMIN, Supinfocom, ou encore les Gobelins, mais également au savoir-faire technologique des acteurs français, précoces dans l’exploitation digitale des jeux vidéo et la production en réalité virtuelle et réalité augmentée. Depuis quelques années, on assiste ainsi à l’émergence de « champions » Français, reconnus mondialement pour leur créativité. Outre les éditeurs – que l’on parle des géants Ubisoft et Gameloft ou des pépites émergentes Bigben Interactive et Focus Home Interactive -, la France peut ainsi compter sur une quinzaine de studios indépendants, comme Ankama, Quantic Dream ou encore Dontnod Entertainment.
Une économie pas encore assez mature
L’industrie vidéo-ludique est dotée d’une économie plus jeune que ses cousines, le cinéma, l’audiovisuel et l’édition. On compte ainsi 250 entreprises du secteur en France, dont 50 % ont été créées il y a moins de 5 ans. De manière générale, les studios souffrent encore d’un accès limité au financement bancaire (31 % des entreprises du secteur, selon le SNJV) et les subventions publiques, précieuses pour permettre aux studios de financer le pré-développement de leurs jeux sans recourir aux éditeurs, sont encore trop limitées. Les levées de fonds existent – elle concernent 12,9 % des entreprises-, mais restent rares s’agissant d’une économie de projets.
Renforcer les aides au jeu vidéo
Par ailleurs, les studios français pâtissent d’une fuite des talents vers l’étranger (Canada, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine…). Jusqu’à présent, le crédit d’impôt jeux vidéo permettait de récupérer jusqu’à 20% du coût de développement d’un jeu. Un taux bien inférieur à celui pratiqué au Royaume-Uni (30%) ou au Québec (37,5%). Mais, la réforme de 2015, qui rend les jeux vidéo 18+ éligibles au crédit d’impôt, a d’ores et déjà permis de doubler l’enveloppe entre 2014 (6,7 M€) et 2015 (15 M€). En novembre, le Parlement a en outre voté le relèvement du crédit d’impôt de 20% à 30% à partir de 2017. La mesure, en cours d’examen à la Commission européenne, permettrait de créer 1300 emplois qualifiés dans l’Hexagone. Enfin, un autre enjeu majeur sera de permettre aux studios de développement de protéger leur IP en déplafonnant les subventions publiques d’aide à la pré-production. Une proposition d’aménagement de la règle des minimis du CNC a ainsi été proposée au Conseil Européen.
Vers un secteur français d’excellence ?
Malgré son manque de maturité, l’industrie vidéo-ludique connait une croissance spectaculaire ces dernières années et a tout pour devenir un secteur français d’excellence. Pour cela, elle doit néanmoins se structurer en s’inspirant de ses cousines. Parmi les pistes possibles : l’émergence de « business model » favorisant l’accès au crédit, et notamment d’un système de pré-financement pris en charge par l’éditeur. L’un des enjeux majeurs est également de favoriser la constitution de fonds propres par les studios. Le fonds d’avances participatives en faveur du jeu vidéo (FPJV), créé par le CNC, la BPI et animé par l’IFCIC, va en ce sens : afin de renforcer certaines sociétés à potentiel et donc de favoriser l’émergence de champions français, il est doté, depuis 2016, de 20 M€ à investir sous forme de prêts participatifs dans les sociétés du secteur.