L'or continuera de briller en 2026

Les cours de l’or ont enregistré une forte progression en 2025. Toutefois, nous estimons que le marché n’est pas en situation de bulle. Pour les investisseurs, l’or demeure un instrument de diversification du portefeuille pertinent.
Au cours de l'année écoulée, l'or s'est ainsi imposé comme l'un des actifs les plus prisés, avec des prix ayant bondi de plus de 50 % en 2025 pour atteindre un record de près de 4 400 dollars l'once, signant ainsi sa meilleure année depuis 1979. L'argent a suivi la même tendance, établissant un record à 54 dollars l’once. Cette dynamique a été alimentée par des tensions géopolitiques persistantes, des craintes inflationnistes et une instabilité financière accrue, consolidant le rôle de l’or en tant que valeur refuge.
Un attrait pour la sécurité
Aux États-Unis, l'émergence d'une « domination budgétaire » où les dépenses publiques incitent la Réserve fédérale (Fed) à maintenir des taux d'intérêt bas, a accru les craintes inflationnistes et suscité des interrogations sur l'indépendance de la Fed. Ces inquiétudes ont renforcé l’attrait pour l’or.
Les banques centrales, notamment celles des économies émergentes, ont contribué à l’augmentation de la demande d’or en diversifiant leurs réserves au-delà du dollar américain. La tendance à la “dédollarisation” a conduit les réserves mondiales d'or détenues par les banques centrales à atteindre environ 35 000 tonnes, pour une valeur de plus de 4 500 milliards de dollars, dépassant les avoirs étrangers en bons du Trésor américain. L'or représente désormais environ 25 % des réserves mondiales des banques centrales, contre 10 % il y a dix ans. Nous anticipons la poursuite de cette tendance jusqu'en 2026, sous l’effet de la fragmentation géopolitique croissante et des inquiétudes persistantes liées à l'inflation, qui continueront de soutenir la demande d'or des banques centrales.
Les investisseurs particuliers se joignent à la ruée
Les investisseurs particuliers ont également contribué à cette hausse, en achetant des lingots, des pièces et des fonds négociés en bourse (ETF) adossés à l'or à des niveaux sans précédent. Cette flambée reflète les inquiétudes généralisées concernant l'inflation, la fragmentation géopolitique et les crises financières. Les investisseurs se tournent de plus en plus vers le « debasement trade » ou littéralement le pari de la dépréciation des monnaies. Ils s’éloignent des monnaies fiduciaires traditionnelles et des obligations d'État, par crainte d'une augmentation des déficits publics et d'une dévaluation de la devise pour se tourner vers des actifs considérés comme une protection contre l'inflation comme l'or.
Au Japon, la forte dépréciation du yen par rapport au dollar américain a considérablement réduit le pouvoir d'achat des résidents japonais, les incitant à opter pour l'or. Ce changement est particulièrement notable dans un pays longtemps marqué par une stagnation déflationniste.
Les risques liés à la ruée
Malgré l’engouement actuel, les experts mettent en garde contre certains risques, notamment celui de la formation d'une bulle. Historiquement, les hausses de l'or ont souvent précédé des corrections brutales, et les analystes soulignent que l'or se négocie actuellement à plus de 20 % au-dessus de sa moyenne mobile sur 200 jours, traduisant un comportement spéculatif. L'or a également connu une correction courant octobre, soulevant des interrogations quant à la pérennité des niveaux de prix actuels. Nous ne partageons toutefois pas cette inquiétude et estimons que l'or n’est pas en situation de bulle. Si une volatilité à court terme est possible, nous pensons que les moteurs structurels, tels que la dédollarisation, les achats des banques centrales et les craintes inflationnistes, restent intacts. En outre, rappelons que la présence d'or dans un portefeuille offre des avantages en termes de diversification : il tend à afficher des performances relativement bonnes en période de tension sur les marchés et à présenter une corrélation faible, voire négative, avec les actions et les obligations.
Conclusion
À l'horizon 2026, la demande d'or continuera d'être stimulée par la dédollarisation, les craintes inflationnistes, l'instabilité géopolitique et les doutes croissants quant à l'indépendance de la Fed. Dans ce contexte, notre objectif de cours s'établit à environ 4 200 dollars américains d'ici la fin de l'année. Nous anticipons une poursuite de la hausse jusqu'au début de l'année 2026, avant une stabilisation des prix au cours de l’année.