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Gregory Sand

[Entretien] Luc Julia, Chief Technical Officer de Samsung

En 2011, Grégory Sand et Emmanuel Antonot ont créé la marque de vélos électriques Moustache Bikes. En moins de dix ans, leur start-up est devenue un des leaders du marché français et ils ont réussi à impulser un véritable dynamisme sur le territoire vosgien. Notre entretien pour Prismes avec Grégory Sand.

Nous avons décidé de créer le pure player du vélo électrique.

Quand vous vous êtes lancés, personne ne croyait au vélo à assistance électrique (VAE). Quel a été le déclic ?

Mon associé, Emmanuel Antonot, et moi-même sommes tous les deux vosgiens et passionnés de vélo. À l’époque, le marché du VAE était quasi inexistant, il ne se vendait que 15 600 vélos électriques par an en France et il n’y avait pas de fabricant exclusif dans l’Hexagone. En observant ce qui se faisait à l’étranger, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne, nous avons constaté que le vélo électrique commençait à se développer et qu’il était bien accueilli par de nombreux early adopters. Ces données nous ont convaincus qu’il y avait une place à prendre et nous avons décidé de lancer un pure player français du vélo 100 % électrique.

Aujourd’hui, le Moustache Bikes est considéré comme la Rolls du vélo électrique. Comment expliquez-vous ce succès ?

Nous avons créé une marque à forte valeur ajoutée avec des produits haut de gamme qui couvrent l’ensemble des usages (de l’urbain au loisir en passant par le tout-terrain) et des publics (du débutant au sportif accompli). L’innovation, le design, avec le fameux guidon en forme de moustache, et le confort de nos vélos sont aujourd’hui emblématiques, si ce n’est iconiques, de notre savoir-faire. Nos 70 modèles sont tous fabriqués dans notre usine de Thaon-les-Vosges : chez nous, et c’est une particularité, chaque vélo est assemblé de A à Z par le même opérateur. C’est gratifiant pour lui et, pour nous, c’est un gage de traçabilité et de qualité. Aujourd’hui, nous produisons plus de 50 000 vélos par an et avoisinons les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Notre capacité de production le permettant, notre objectif sera de vendre plus de 65 000 vélos en 2021.

Est-ce compliqué d’être un entrepreneur « made in france » ? Quels sont les résultats dont vous êtes le plus fier ? Y a-t-il eu des étapes difficiles ?

Nous sommes attachés à nos racines vosgiennes et nous tenions à nous implanter sur notre territoire d’origine. L’entreprise s’est construite par étapes successives avec la volonté de produire le plus localement possible. Dès que nous le pouvons, nous rapatrions des compétences dans les Vosges : par exemple, nous assemblons désormais les roues dans notre usine, ce qui n’était pas le cas au départ. Mais notre plus grande fierté, c’est d’avoir créé de l’emploi dans une région sinistrée et un bassin industriel en perte de vitesse. En 2020, nous avons recruté 50 personnes, c’est loin d’être négligeable à l’échelle locale et dans le contexte actuel. Nous avons bien sûr rencontré des difficultés, notamment pour financer nos investissements de départ chiffrés à 500 000 euros. Nous n’avons eu la confiance que d’une seule banque, nous avons puisé dans nos économies personnelles et sollicité l’aide de nos familles, avant de faire une première levée de fonds en 2015 auprès d’Initiative & Finance.

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Vous réalisez 40 % de votre chiffre d’affaires à l’international. Quelle est votre stratégie pour l’export ?

Nous vendons nos produits dans une vingtaine de pays, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, et surtout en Europe. Notre politique de distribution est la même qu’en France : vendre nos vélos exclusivement chez des revendeurs indépendants. Pour l’export de proximité, nous faisons appel à des agents commerciaux exclusifs ou à notre force de vente interne. Pour les territoires plus lointains, nous recourons à des importateurs qui connaissent le marché local et ses contraintes. Aujourd’hui, nous souhaitons consolider notre marché actuel, à l’étranger comme en France, où il y a encore beaucoup à faire.

La crise actuelle et le Plan vélo du gouvernement ont créé un effet d’aubaine pour tous les fabricants de cycles. Quel impact cela a-t-il eu sur votre activité ?

Depuis la fin du premier confinement, l’engouement des Français pour le VAE est marqué et nous avons dû redoubler d’efforts. À la fois pour agrandir nos espaces de stockage mais aussi pour augmenter nos capacités de production, qui sont très tendues. Nous prévoyons d’atteindre un rythme de production de 400 vélos par jour en 2021. Nous sommes convaincus que le vélo va avoir une place de plus en plus importante dans le quotidien des gens. Il y a une vraie prise de conscience collective, autant de la part des décideurs que des utilisateurs.

 

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Pensez-vous que la « mobilité électrique » pourrait s’appliquer à terme à toutes les pratiques cyclistes, personnelles comme professionnelles ?

Pour tous les trajets courts et urbains, c’est une solution de transport pertinente, idéale pour désengorger les centres-villes et fluidifier les déplacements personnels. Le marché des vélos utilitaires nous intéresse également, car il permet non seulement de transporter des personnes mais aussi des courses ou des marchandises. C’est un sujet sur lequel nous travaillons et nous avons d’ailleurs des projets dans les tuyaux. Mais il est encore trop tôt pour en parler.

Et si c’était à refaire, que changeriez-vous ?

Sincèrement, pas grand-chose ! Nous avons démarré cette aventure à deux et nous sommes aujourd’hui plus de 150 personnes, ici, dans les Vosges. Au-delà des niveaux de croissance à deux chiffres, c’est notre plus grande fierté. Nous avons la chance d’avoir une vision à long terme dégagée, des équipes engagées… Quand on regarde notre point de départ et le point d’étape actuel, nous ne sommes pas en position de nous plaindre. Particulièrement dans le contexte que nous vivons actuellement.

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