
Mutation de l’offre de soins : l’essor des Maisons de Santé
Apparues en 2010, les Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP) regroupent des professionnels de soins primaires : médecins généralistes et paramédicaux (infirmiers, kinésithérapeutes, pédicures, podologues, diététiciens, psychologues, sages-femmes…) ainsi que des ophtalmologistes et des dentistes.
Typologie des MSP
À fin mars 2016, la Direction générale de l’offre de soins du ministère de la Santé fait état de 778 MSP en fonctionnement et de 382 projets sélectionnés, soit un total de 1160 MSP en France. Entre mars 2015 et mars 2016, 162 MSP ont vu le jour (+26,3%). En moyenne, les MSP emploient 5 médecins généralistes et 9,1 paramédicaux. La grande majorité d’entre elles (90 à 95%) sont dites publiques, nées d’une première vague de créations initiées par les maires, les communautés de communes et les collectivités territoriales, pour faire face à la désertification médicale.
Un projet privé pour des enjeux de santé publique
En parallèle de ces MSP publiques, émergent depuis peu des initiatives privées, véritables alternatives thérapeutiques adaptées à la stratégie des Agences Régionales de Santé (ARS). Pour contenir les dépenses dues au vieillissement de la population, les ARS encouragent le développement de l’ambulatoire et la prise en charge coordonnée des patients souffrant de plusieurs pathologies. Deux priorités de gestion de santé publique auxquelles répondent pleinement les MSP privées.
En pratique, les praticiens choisissent de se regrouper et, avec l’aide d’un intermédiaire spécialisé, constituent la future MSP autour d’un projet de santé établi en accord avec l’ARS de référence. Ce projet de santé définit des objectifs généraux et des protocoles communs de prise en soin (actions de prévention, de dépistage de certains cancers, suivi coordonné de pathologies telles que le diabète…). Ces maisons libérales sont des structures de taille beaucoup plus importantes que la moyenne constatée, entre 20 et 30 praticiens.
Par ailleurs, des Pôles de Santé regroupant des spécialistes émergent également en France. Ils concernent des bassins de population large, de l’ordre de 150.000 habitants et peuvent regrouper une trentaine de spécialistes.
Coordination de la pratique médicale
Au sein des MSP, les praticiens coordonnent les soins autour du projet de santé ainsi défini et ils travaillent avec un dossier médical partagé évitant ainsi les doublons en termes d’analyses médicales complémentaires. Les praticiens investissent dans les murs mais également dans des plateformes techniques communes : salle pour la prise en charge des petites urgences, matériel d’échographie…
Si l’investissement peut être conséquent, les MSP regroupant plus de 6 médecins généralistes accèdent aux nouveaux modes de rémunération. Ces derniers, définis par le règlement arbitral publié en février 2015 par le Ministère la Santé, prévoient des financements complémentaires pour la coordination et la qualité des soins.
Dès lors, il semble que l’accélération du développement des MSP de grandes tailles (au moins 5-6 médecins et 10-15 paramédicaux) soit incontournable. Les perspectives sont prometteuses tant en terme de soins de premier recours que pour les spécialistes. Ces nouvelles pratiques dans le secteur libéral devraient mener à une meilleure prise en charge des pluri-pathologiques mais également à une incontournable industrialisation des soins.
Le saviez-vous ?
Un ophtalmologiste installé dans une grande MSP peut prévoir près de 100 rendez-vous par jour lorsqu’il coordonne ses interventions avec 3 orthoptistes et 3 secrétaires. Il peut ainsi concentrer sa pratique sur les aspects les plus complexes de la prise en charge du patient.