
Femmes dans le cinéma : Action
s’enthousiasmait Houda Benyamina, la réalisatrice du film « Divines » qui recevait la Caméra d’or sur la Croisette en mai 2016. Elles n’étaient pourtant que 3 réalisatrices en lice pour la Palme d’or sur un total de 18 films. Selon les dernières études, les femmes accèdent doucement mais sûrement à des postes clés de cette industrie.
Une présence en forte progression
En France, la proportion des femmes dans les métiers du cinéma est parmi la plus élevée d’Europe : 44% des effectifs tous postes confondus, atteignant presque la parité. Elles ne sont que 21% aux postes de réalisation, un chiffre pourtant bien au-dessus de leurs homologues américains (7% de réalisatrices aux États-Unis).
À la production, on compte désormais 21% des dirigeantes de sociétés de production françaises. Elles ont encore du chemin à franchir même si leur progression ne cesse de croître depuis 10 ans. Cela grâce aux efforts déployés par les organismes de formation pour ouvrir significativement leurs portes à des femmes et créer des promotions quasi-paritaires. La Femis s’engage ainsi à intéresser leurs étudiantes à des genres a priori typiquement masculins comme le film d’horreur. En Suède, pays modèle en matière d’égalité hommes-femmes, l’Institut du film Suédois garantit une parité dans les fonds publics qu’il distribue. Cela a permis de faire bondir les chiffres du nombre de films produits par des femmes à 56%.
Quelles perspectives ?
Les films de femmes, portés par des femmes optant pour un discours bienveillant autour de la cause féministe raflent de nombreuses distinctions. Les derniers palmarès des César démontrent que ces œuvres bénéficient d’une forte cote de popularité et ne laissent pas les jurys indifférents. Ainsi, «Divines» réalisé par Houda Benyamina qui suit les péripéties de 2 amies en banlieue parisienne a gagné 3 César en 2017 dont celui de la meilleure première œuvre.
En 2016, la réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven a obtenu pas moins de 4 César pour « Mustang », un film sur la vie quotidienne de 5 sœurs en Turquie. Sans compter les récents succès de Maïwenn, Valérie Donzelli… Porté par des réalisatrices ou des productrices de talents, ces œuvres bénéficient d’une visibilité importante.
Le réseau féminin se densifie
Les femmes s’organisent et revendiquent leurs idées artistiques pour se faire une place dans la profession. Les initiatives fleurissent pour nourrir la réflexion sur la place des femmes dans l’industrie du cinéma, devant comme derrière la caméra. Par exemple, « Women in Motion », le programme lancé par le groupe mondial de luxe Kering, organise des tables rondes tous les ans au festival de Cannes. L’association Femmes et Cinéma, créée par 2 productrices, s’engage à mettre en valeur le statut et l’image des femmes dans le domaine culturel. Ou encore « Women and Hollywood » qui lutte pour plus de représentativité des femmes à Hollywood.
Créteil accueillera comme chaque année le Festival international des films de femmes du 10 au 19 mars 2017. Une 39e édition qui réalise, pour la première fois, un partenariat avec la Cinémathèque française.
Le saviez-vous ?
Les femmes sont à l’origine de la création de la plus grosse machine cinématographique mondiale. Un documentaire réalisé par Clara et Julia Kuperberg « Et la femme créa Hollywood » leur rend justice en remettant en lumière la destinée de ses pionnières de l’industrie injustement oubliées.
Le premier film avec du son a été réalisé par Alice Guy, une réalisatrice et productrice…française partie conquérir Hollywood. Lois Weber a produit le premier film en couleur et compte de plus de 300 films à son actif en tant que réalisatrice. Frances Marion, la scénariste de la star Mary Pickford gagna 2 Oscars. D’après le documentaire, l’Hollywood d’avant 1920 comptait plus de femmes réalisatrices et productrices qu’aujourd’hui.